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ecolopol:nuitdebout [2016/04/18 14:31] Grégory Gutierezecolopol:nuitdebout [2020/04/06 12:37] (Version actuelle) Grégory Gutierez
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 ====== #NUITDEBOUT, quels sont nos communs ? ====== ====== #NUITDEBOUT, quels sont nos communs ? ======
  
-Depuis le jeudi 31 mars 2016, le collectif #nuitdebout s'est installé place de la République à Paris, à l'occasion d'une journée de manifestations contre la loi du travail de la ministre El Khomri. J'étais présent ce premier soir, parmi une petite centaine de personnes serrées les unes contre les autres, sous une pluie glacée. Il était question de l'art et la manière de pouvoir rester sur place, s'il //fallait// rester ou plutôt se retrouver une fois par semaine, comment réagir si la police décidait d'évacuer la place, mais aussi de démocratie et de sa réalisation véritable, ou de son abandon pour d'autres formes de société.+Depuis le jeudi 31 mars 2016, le collectif #nuitdebout s'est installé place de la République à Paris, à l'occasion d'une journée de manifestations contre la loi Travail de la ministre El Khomri. J'étais présent ce premier soir, parmi une petite centaine de personnes serrées les unes contre les autres, sous une pluie glacée. Il était question de l'art et la manière de pouvoir rester sur place, s'il //fallait// rester ou plutôt se retrouver une fois par semaine, comment réagir si la police décidait d'évacuer la place, mais aussi de démocratie et de sa réalisation véritable, ou de son abandon pour d'autres formes de société
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 +Depuis ce premier soir, le mouvement tient bon, les commissions se multiplient, le site "officiel" se remplit (http://www.convergence-des-luttes.org), fait parler en bien ou en mal dans les médias, force des politiciens à se positionner, s'exporte dans les régions et au-delà des frontières.  
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 +Pour ma part, j'ai la chance de pouvoir assister régulièrement aux événements de la place de la République. Sur cette page, je collecte mes notes et remarques sur l'évolution du mouvement #NuitDebout.
  
 ===== 31 mars 2016, premier jour d'occupation de la place de la République ===== ===== 31 mars 2016, premier jour d'occupation de la place de la République =====
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 //__"L'immense majorité des Français veut qu'on libère le pays."__// De qui ? De quoi ? Oui effectivement, cher François, il y a une volonté palpable de libération. Mais pas sûr qu'on parle de la même chose. //__"L'immense majorité des Français veut qu'on libère le pays."__// De qui ? De quoi ? Oui effectivement, cher François, il y a une volonté palpable de libération. Mais pas sûr qu'on parle de la même chose.
  
-===== Dimanche 18 avril 2016, toujours en lutte =====+===== Dimanche 18 avril 2016, l'image du mouvement en question(s) =====
  
 ==== Avec un gosse à la #NuitDebout ==== ==== Avec un gosse à la #NuitDebout ====
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 </html> </html>
  
-Dans l'ensemble, en deux soirées ensemble (grosso modo, de 19h30 à 22h30), à aucun moment je n'ai senti un quelconque malaise à l'idée de balader mon gosse sur la place de la République. Au contraire, il y avait une réelle bienveillance autour de nous. Un type s'arrête devant nous et me demande s'il peut prendre mon fils en photo : //"il est trop beau avec son gilet plein de couleurs !"// +Au final, en deux soirées ensemble (grosso modo, de 19h30 à 22h30), à aucun moment je n'ai senti un quelconque malaise à l'idée de balader mon gosse sur la place de la République. Au contraire, il y avait une réelle bienveillance autour de nous. Un type s'arrête devant nous et me demande s'il peut prendre mon fils en photo : //"il est trop beau avec son gilet plein de couleurs !"// 
  
 Un type totalement aviné se risque à monter sur le statuaire de la place, il se retrouve bloqué à mi-chemin, les pompiers arrivent et l'aident à redescendre. Pendant toute l'opération, nous restons plantés là, parmi les badauds, je commente l'action à mon fils, qui remarque : //"C'est donc comme ça, un monsieur qui est saoul ?"//. Nous en avions justement parlé la veille, des dangers de l'alcool à haute dose.  Un type totalement aviné se risque à monter sur le statuaire de la place, il se retrouve bloqué à mi-chemin, les pompiers arrivent et l'aident à redescendre. Pendant toute l'opération, nous restons plantés là, parmi les badauds, je commente l'action à mon fils, qui remarque : //"C'est donc comme ça, un monsieur qui est saoul ?"//. Nous en avions justement parlé la veille, des dangers de l'alcool à haute dose. 
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 {{ youtube>i_S9qTz91bE }} {{ youtube>i_S9qTz91bE }}
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 +==== L'affaire Finky (ou comment faire diversion) ====
  
-==== L'affaire Finky ====+Mais un problème revient régulièrement pendant les discussions de cette fin de journée : comment faut-il réagir après "l'expulsion de Finkielkraut" ? La veille au soir, en effet, alors que l'ancien ministre grec Varoufakis intervenait devant l'assemblée citoyenne, le philosophe très médiatique et désormais ouvertement néo-réactionnaire Alain Finkielkraut se promenait sur la place de la République. Il a pu y rester une bonne heure, sans que personne ne vienne le solliciter, avant d'être pris à parti par un groupe de quelques jeunes qui lui lancent des //"dégage !"// et autres //"facho !"//L'altercation, Finkielkraut répondant à ses critiques avec tout autant de verve et d'élégance, est filmée puis diffusée par un [[http://lahorde.samizdat.net/2014/12/02/petit-rappel-sur-ce-quest-le-cercle-des-volontaires/|groupuscule de la fachosphère, le Cercle des Volontaires]], lequel accompagnait Finkielkraut ce soir-là. Les quelques secondes de vidéo vont vite faire le tour de Twitter et de Facebook, et donc des salles de rédaction. Les médias s'emparent de l'affaire, Laurent Joffrin dans Libération écrit une tribune qui fait passer le vieux philosophe à la pensée naufragée pour la pauvre victime d'une foule agressive. Il se trouve que j'étais là ce soir-là, avec mon gosse, et juste à côté de la scène filmée. La sortie de Finkielkraut fut un non événement : aucun mouvement de foule, rien, juste quelques excités qui l'ont pris à parti, au milieu de gens qui allaient et venaient s'en s'y intéresser le moins du monde. On passera sur le fait qu'au lieu de reculer, et de répondre aux //"dégage !"// par des //"fascistes !"//, notre auguste star de télévision aurait pu tenter un dialogue. Mais c'est tellement plus facile de se poser en victime ! Faire accroire qu'on a toute une foule contre soit, c'est confortable, on passe pour un héros de la liberté d'expression, sans avoir à faire autre chose que s'offusquer et se draper dans une dignité souillée par les barbares. 
  
-Mais un problème revient régulièrement pendant les discussions de cette fin de journée : comment faut-il réagir après "l'expulsion de Finkielkraut" ? La veille au soir, en effet, alors que l'ancien ministre grec Varoufakis intervenait devant l'assemblée citoyenne, le philosophe très médiatique et désormais ouvertement néo-réactionnaire Alain Finkielkraut se promenait sur la place de la République. Il a pu y rester une bonne heure, sans que personne ne vienne le solliciter, avant d'être pris à parti par un groupe de quelques jeunes qui lui lancent des //"dégage !"// et autres //"facho !"//. L'altercation, Finkielkraut répondant à ses critiques avec tout autant de verve et d'élégance, est filmée puis diffusée par un [[http://lahorde.samizdat.net/2014/12/02/petit-rappel-sur-ce-quest-le-cercle-des-volontaires/|groupuscule de la fachosphère, le Cercle des Volontaires]], lequel, visiblement, accompagnait Finkielkraut ce soir-là. Les quelques secondes de vidéo vont vite le tour de Twitter et de Facebook, et donc des salles de rédaction. Les médias s'emparent de l'affaire, Laurent Joffrin dans Libération écrit une tribune qui fait passer le vieux philosophe à la pensée naufragée pour une pauvre victime d'une foule agressive. Un participant à la commission "Accueil et Sérénité" de la #NuitDebout s'est fendu d'une réponse où il précise les événements : +Un participant à la commission "Accueil et Sérénité" de la #NuitDebout s'est d'ailleurs fendu d'une réponse à l'édito de Joffrin où il précise ces événements, qu'il a vécus de l'intérieur 
  
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-Très factuellement d'abord, rappelons que M. Finkielkraut assistait depuis plus d'une heure à l'Assemblée populaire avant que certains n'exigent son départ. Là où Libération imagine un libre penseur aggressé par une foule menacante, nous avons vu au contraire un Académicien étonnament vulgaire menacer de «coups de latte» les quatre ou cinq personnes révoltés qui criaient pour réclamer son départ. En l'escortant jusqu'au trottoir, nous ne l'avons en aucun cas contraint à partir (il s'est au contraire montré surpris d'être protégé à Nuit Debout – ce qui laisse entrevoir l'accueil qu'il imaginait lui être reservé), tout comme nous ne l'avons pas protégé physiquement, puisque personne n'a tenté ni de le menacer ni de le suivre au-delà de la place. +Très factuellement d'abord, rappelons que M. Finkielkraut assistait depuis plus d'une heure à l'Assemblée populaire avant que certains n'exigent son départ. Là où Libération imagine un libre penseur aggressé par une foule menaçante, nous avons vu au contraire un Académicien étonnamment vulgaire menacer de «coups de latte» les quatre ou cinq personnes révoltés qui criaient pour réclamer son départ. En l'escortant jusqu'au trottoir, nous ne l'avons en aucun cas contraint à partir (il s'est au contraire montré surpris d'être protégé à Nuit Debout – ce qui laisse entrevoir l'accueil qu'il imaginait lui être réservé), tout comme nous ne l'avons pas protégé physiquement, puisque personne n'a tenté ni de le menacer ni de le suivre au-delà de la place. 
 [[https://blogs.mediapart.fr/fede-davout/blog/180416/finkielkraut-expulse-malaise-liberation|Source]]   [[https://blogs.mediapart.fr/fede-davout/blog/180416/finkielkraut-expulse-malaise-liberation|Source]]  
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 Lors de la discussion devant l'assemblée populaire, deux positions s'affirment donc. Certains estiment normal que Finkielkraut ait été expulsé de la place, parce que ses prises de position réactionnaires, de plus en plus droitières, voire carrément racistes, sont à l'opposé exact des valeurs qui animent le mouvement. D'autres (plus nombreux, m'a-t-il semblé) défendent l'idée que l'espace publique appartenant à tout le monde, il avait bien le droit d'y être aussi, même qu'il aurait pu prendre le micro à son tour pour s'adresser à la foule, dans la limite des deux minutes de temps de parole. Après tout, on est assez grand pour lui dire si on n'est pas d'accord avec lui. Finalement, il est décidé que dès le lendemain, ceux qui le souhaitent se retrouveront à 14h sur la place pour discuter de l'opportunité - ou pas - de réagir à cette anecdote, devenue gravissime affaire pour certains médias. Lors de la discussion devant l'assemblée populaire, deux positions s'affirment donc. Certains estiment normal que Finkielkraut ait été expulsé de la place, parce que ses prises de position réactionnaires, de plus en plus droitières, voire carrément racistes, sont à l'opposé exact des valeurs qui animent le mouvement. D'autres (plus nombreux, m'a-t-il semblé) défendent l'idée que l'espace publique appartenant à tout le monde, il avait bien le droit d'y être aussi, même qu'il aurait pu prendre le micro à son tour pour s'adresser à la foule, dans la limite des deux minutes de temps de parole. Après tout, on est assez grand pour lui dire si on n'est pas d'accord avec lui. Finalement, il est décidé que dès le lendemain, ceux qui le souhaitent se retrouveront à 14h sur la place pour discuter de l'opportunité - ou pas - de réagir à cette anecdote, devenue gravissime affaire pour certains médias.
  
-Quoi qu'il en soit, cette "affaire" est un mauvais coup porté au mouvement, les médias en ont fait des tonnes sur le thème "sont pas si gentils que ça tous ces jeunes révoltés", et même si en réalité il n'y a eu qu'une poignée de jeunes (on ne sait même pas qui !) pour conspuer Finkielkraut, l'idée restera certainement que c'est tout #NuitDebout qui a chassé le philosophe académicien de la place de la République. +Quoi qu'il en soit, cette "affaire" est un mauvais coup porté à la #NuitDebout, les médias en ont fait des tonnes sur le thème sont-pas-si-gentils-que-ça-ces-jeunes-révoltés, et même si en réalité il n'y a eu qu'une poignée de jeunes (on ne sait même pas qui !) pour conspuer un Finkielkraut venu visiter les lieux **accompagné de représentants d'un collectif clairement fascistoïde** (léger détail que les médias ont choisi de négliger...), l'idée restera certainement que c'est tout #NuitDebout qui a chassé le philosophe académicien de la place de la République. Et bien entendu, les médias en auront profité pour éviter de parler de l'intervention de Varoufakis, venu présenter devant l'assemblée populaire [[http://www.lepoint.fr/europe/diem-25-le-mouvement-de-varoufakis-pour-reformer-l-europe-09-02-2016-2016531_2626.php|son mouvement politique, DIEM25]], dont le Manifeste appelle à refonder en Europe //"une démocratie authentique"//, via l'instauration d'une Assemblée constituante à l'échelle du continent (l'intégralité du Manifeste est accessible [[http://diem25.org/manifeste-version-longue/|sur le site du mouvement]])
  
-==== Le coin du grincheux : pour Claude Ascolovitch, quelque chose //"d'insupportable"// qui //"fait souffrir les Parisiens"//. ====+==== Le coin du grincheux : pour Claude Ascolovitch, #NuitDebout serait quelque chose "d'insupportable" qui "fait souffrir les Parisiens". ====
  
 Il y a le choix parmi les grincheux cette semaine, je pourrais citer les funestes leaders du Front National, mais ils sont dans leur rôle et autant ne pas les médiatiser plus qu'ils ne le sont déjà par les chaîne d'information en continue... En revanche, je suis tombé de ma chaise samedi matin en écoutant le journaliste chroniqueur Claude Askolovitch, recevant un élu municipal de Paris dans sa matinale sur LCI. Tranquille, l'air de rien, Askolovitch interroge son invité sur la NuitDebout, dont il parle comme d'une occupation //"insupportable"// d'un lieu public, quelque chose qui //"fait souffrir les habitants de Paris"//. Les mots sont toujours importants, et jamais anodins. Quelque chose d'insupportable qui fait souffrir, c'est comme une maladie donc, une sorte de cancer qui rongerait la capitale. Et en plus, c'est contagieux ! L'intérêt de la chose, c'est qu'Askolovitch aborde la question en passant, sans insister, comme s'il exprimait là une opinion largement partagée par les téléspectateurs. Une manière douce de glisser une association d'idée délétère pour le mouvement. La #NuitDebout, souffrance insupportable du bon Parisien, celui qui, évidemment, se couche tôt et travaille docilement ! Il y a le choix parmi les grincheux cette semaine, je pourrais citer les funestes leaders du Front National, mais ils sont dans leur rôle et autant ne pas les médiatiser plus qu'ils ne le sont déjà par les chaîne d'information en continue... En revanche, je suis tombé de ma chaise samedi matin en écoutant le journaliste chroniqueur Claude Askolovitch, recevant un élu municipal de Paris dans sa matinale sur LCI. Tranquille, l'air de rien, Askolovitch interroge son invité sur la NuitDebout, dont il parle comme d'une occupation //"insupportable"// d'un lieu public, quelque chose qui //"fait souffrir les habitants de Paris"//. Les mots sont toujours importants, et jamais anodins. Quelque chose d'insupportable qui fait souffrir, c'est comme une maladie donc, une sorte de cancer qui rongerait la capitale. Et en plus, c'est contagieux ! L'intérêt de la chose, c'est qu'Askolovitch aborde la question en passant, sans insister, comme s'il exprimait là une opinion largement partagée par les téléspectateurs. Une manière douce de glisser une association d'idée délétère pour le mouvement. La #NuitDebout, souffrance insupportable du bon Parisien, celui qui, évidemment, se couche tôt et travaille docilement !
  
-\\ +D'ailleurs, Claude a trouvé une alliée de poids, deux jours plus tard, en la personne de l'immense Véronique Genest, actrice de téléfilms et séries télé qui ont fortement enrichi la culture française du 20e siècle. Elle habite près de la place de la République, et elle n'en peut plus, la pauvre. Je cite, parce qu'il ne faut pas perdre un discours si réaliste et pertinent :  
-~~LINKBACK~~+ 
 +<blockquote>Selon elle, la situation est en effet "invivable", elle décrit des scènes terribles : "Il y a des portes qui sont défoncées, il y a le feu. Je dois partir une semaine, j’ai peur de laisser mon fils", explique celle qui dit aussi n'avoir "pas dormi depuis dix jours"
 +[[http://tempsreel.nouvelobs.com/en-direct/a-chaud/21693-nuitdebout-genest-veronique-genest-monter-association.html|source]]</blockquote> 
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  • Dernière modification : 2016/04/18 14:31
  • de Grégory Gutierez